Paysage et développement régional: un défi qu’il vaut la peine de relever

Pirmin Schilliger & Urs Steiger
La beauté et la spécificité du paysage constituent un facteur économique central dans de nombreuses régions rurales ou de montagne de la Suisse mais aussi dans les agglomérations. Elles constituent la base existentielle de nombreux sites. La question qui s’impose est de savoir jusqu’à quel point ces régions peuvent se développer économiquement sans que leurs paysages ne perdent leurs qualités naturelles et architecturales. La Confédération propose un mode de gestion respectueux du paysage avec les parcs d’importance nationale. Au cours des dernières années, des projets porteurs d’avenir ont aussi été lancés dans le cadre de la Nouvelle politique régionale (NPR), des Projets modèles pour un développement territorial durable et d’autres instruments de promotion, étatiques ou privés. Mettre le paysage en valeur est toutefois une tâche exigeante qui impacte à long terme les domaines les plus divers de la vie et de l’économie.
Stefan Steuri, du Parcnaturel du Gantrisch © regiosuisse

La région du Gantrisch était un paysage peu connu il y a encore une décennie. Ceci a changé au cours des dernières années. Cette région préalpine boisée, avec les cours d’eau encaissés de la Sense et de la Schwarzwasser, la chaîne du Gantrisch et du Gurnigel, ses sites marécageux, le Schwarzsee ainsi que le paysage sauvage de la Brecca, fait partie depuis 2012 du cercle restreint des parcs naturels régionaux de Suisse, sous la marque «Parc naturel régional du Gantrisch» (RNG). Comme 18 autres régions, le RNG est soumis à l’ordonnance sur les parcs d’importance nationale (OParcs) et considéré comme une région modèle pour le développement régional durable. L’ordonnance sur les parcs permet à la Confédération de soutenir financièrement la création et la gestion de parcs dans des territoires à forte valeur naturelle et paysagère.

Offres attractives

«La création du Parc a déclenché toute une série de projets dans notre région», déclare Ramona Gloor, porte-parole du RNG. Des offres touristiques mettent aujourd’hui en valeur la région du Gantrisch comme paysage alpin d’activités de plein air, région de vélo et de VTT ou parc aventure. Une autre attraction est le Gäggersteg, passerelle rénovée récemment, depuis laquelle les visiteuses et les visiteurs observent de tout près comment la forêt s’est développée depuis la tempête Lothar de fin 1999.

Ramona Gloor qualifie la création et la gestion du Parc de «tâche exigeante». Lors des week-ends de beau temps par exemple, les sites marécageux naturels et les paysages fluviaux sauvages subissent rapidement la pression des loisirs de proximité. L’équipe du Parc naturel du Gantrisch relève ce défi par un guidage ciblé des visiteurs et avec l’appui des gardes forestiers qui aiguillent les visiteurs sur les bons chemins. Ramona Gloor conclut: «Nous ne voulons pas attirer plus de visiteurs dans la région du Gantrisch avec des offres toujours plus nombreuses. Le tourisme doit être fondé sur les principes de la durabilité et correspondre aux valeurs de notre Parc.»

Le Parc naturel en tant que marque phare

L’agriculture et la sylviculture et le commerce local bénéficient économiquement du Parc naturel. À l’heure actuelle, plus de 300 produits sont commercialisés sous le label «Parcs suisses». L’organisation du Parc est elle-même un mandant et un employeur important. Elle fonctionne en outre comme plateforme de mise en réseau pour les acteurs impliqués. «Depuis la création du Parc naturel, un vent de renouveau souffle dans notre région. Le Parc a aidé la région du Gantrisch à trouver une identité propre», constate Ramona Gloor. Cette région des Préalpes bernoises et fribourgeoises proche de la nature s’est établie comme région autonome et comme marque touristique. Elle est devenue un cas exemplaire de mise en valeur durable du paysage et de renforcement de sa qualité.

Les expertes et les experts du Centre interdisciplinaire pour le développement durable et l’environnement (CDE) de l’Université de Berne dressent ce bilan dans le rapport d’évaluation qu’ils ont rédigé à l’attention du canton de Berne, responsable du Parc. Ce rapport prouve chiffres à l’appui que le Parc contribue au renforcement et à la promotion de l’économie régionale: la valeur ajoutée touristique induite par le Parc naturel s’est élevée en 2018 à quelque 7,3 millions de francs, ce qui correspond à 87 emplois à plein temps; la valeur ajoutée supplémentaire créée à partir des produits régionaux s’est élevée à près de 9 millions de francs au cours de la période 2012-2018. Ces montants ne tiennent pas compte des prestations de revalorisation de la nature et du paysage fournies par les paysans et des organisations privées dans le Parc telles que : maintien de prairies et de pâturages (débroussaillage), entretien des haies, nouvelles plantations, entretien des sites de nidification, rénovation de murs en pierres sèches, etc. Mais les expertes et les experts voient encore un potentiel de développement économique pour le RNG, par exemple avec le bois ou la restauration.

Il est possible de dresser un bilan aussi positif pour la plupart des 18 parcs suisses d’importance nationale qui occupent ensemble plus de 5200 kilomètres carrés, soit environ un huitième de la surface du pays. Le but que la Confédération poursuit avec les parcs d’importance nationale – conserver et valoriser une nature et des paysages de qualité en harmonie avec un développement économique régional durable – coïncide en grande partie avec les objectifs de la Nouvelle politique régionale (NPR).

© regiosuisse

La Conception Paysage Suisse (CPS) comme ligne directrice

Les paysages de notre pays densément peuplé sont la plupart du temps des espaces animés, façonnés par l’homme, occupés et exploités de diverses façons: comme espaces dans lesquels la population vit, habite, travaille, se détend et s’adonne à des activités physiques, culturelles et économiques et aussi comme base territoriale de la biodiversité. Ce sont des paysages qui se sont développés au fil des siècles et qui ont été énormément transformés au cours des dernières décennies. Dans notre société marquée par la croissance de l’économie et de la mobilité, ils doivent satisfaire aux exigences les plus diverses. La Conception Paysage Suisse (CPS)1 actualisée, que le Conseil fédéral a adoptée en 2020, est la véritable ligne directrice pour une conciliation des intérêts. Elle définit le cadre d’une évolution du paysage cohérente et axée sur la qualité. La vision du Conseil fédéral est que la beauté et la diversité des paysages suisses, avec leurs particularités naturelles et culturelles régionales, offrent une qualité de vie et de site élevée aux générations tant actuelles que futures. Afin de réaliser cette vision, la CPS définit sept objectifs généraux de qualité paysagère ainsi que des objectifs sectoriels coordonnés avec ceux-ci pour les politiques sectorielles qui sont pertinentes pour le paysage. La CPS joue le rôle d’instrument de coordination des différentes lois et instruments traitant du paysage qui concernent la protection de la nature et du paysage, l’aménagement du territoire, la politique agricole, la défense nationale, la politique régionale ou le tourisme. Ainsi par exemple le développement régional doit mieux tenir compte de la diversité des paysages, et de leurs valeurs naturelles et culturelles régionales comme qualités essentielles. Une attention particulière doit être accordée à la qualité de chaque site, à ses caractéristiques uniques, et contribuer tant à leur préservation qu’à un développement économique durable.

Le canton en tant que coordinateur et pionnier

Développer des projets qui répondent aux exigences sociétales de qualité élevée du paysage, qui connaissent le succès économique et sont donc globalement durables est un défi pour leurs initiateurs. Il s’agit de définir le rayon d’action à l’intérieur duquel les charges et les produits économiques coïncident à peu près, mais aussi se retrouvent dans les multiples prescriptions, possibilités de soutien et niveaux d’action. La voie est maintenant ouverte par des exemples, des instruments et des offres de soutien couronnés de succès. Avec sa «Piattaforma paesaggio», le canton du Tessin a par exemple établi au sein de sa Section du développement territorial un service d’assistance qui coordonne les projets de ce type. Cette plateforme sert de guichet unique aux initiateurs de projets, qu’il s’agisse de communes, de corporations ou d’associations. Des expertes et des experts apportent leur aide pour le financement, conseillent et accompagnent les requérantes et requérants et les orientent vers d’autres possibilités de soutien, par exemple vers des organisations et des fondations privées. «L’engagement financier du canton est souvent une condition déterminante pour obtenir un autre soutien», explique Paolo Poggiati, président de la «Piattaforma paesaggio». De 2008 à 2018, celle-ci a traité 57 projets pour un volume total d’investissements d’environ 30 millions de francs. Surtout, elle fédère aussi les tâches de tous les services cantonaux impliqués (économie, forêt et agriculture, protection de la nature et du paysage, conservation des monuments historiques, etc.). «Les projets sont extrêmement importants surtout pour les vallées latérales et les régions de montagne reculées, souligne Paolo Poggiati. Les initiatives y ont ranimé des chaînes locales de création de valeur ajoutée et suscité de nouvelles formes de collaboration.»

Les bonnes pratiques du développement régional lié au paysage

Sur mandat de l’OFEV, PLANVAL AG a examiné les possibilités et les moyens pratiques de considérer le paysage comme un potentiel de développement régional durable, ainsi que la façon dont les régions peuvent profiter concrètement d’une thématique «paysage». Cette étude2  inclut plus de cent projets paysagers et classe leurs stratégies de mise en valeur du paysage en trois catégories: «marché» (lieu de résidence, tourisme, énergie), «compensation pour la préservation» ou «mixte» (parcs, agriculture). Elle approfondit enfin douze exemples types de Suisse dont le contenu couvre un large éventail de domaines d’activité. La mise en valeur réussit le mieux lorsque les potentiels spécifiques d’un paysage sont identifiés, exploités de manière ciblée et préservés. Dans la plupart des cas, ceci requiert l’interaction de plusieurs domaines tels que le tourisme, l’agriculture et protection de la nature. Une caractéristique centrale de ces exemples types est qu’un service veille à leur pilotage à long terme et à leur coordination. Les stratégies régionales se sont révélées très utiles à cet effet (cf. regioS 17). Pour la mise en pratique, l’étude esquisse un modèle doté de voies de développement divisibles en six phases. Elle souligne également l’orientation à long terme. Les participants font rarement l’expérience de succès rapides. Le succès exige au contraire ténacité, persévérance et patience.

© regiosuisse Basé sur: «Landschaft als Leitthema für eine nachhaltige Regionalentwicklung». Eine Analyse von Musterbeispielen. Schlussbericht. PLANVAL, sur mandat de l’OFEV. Berne, 2019.

«100 % Valposchiavo»

Le développement du paysage dans le val Poschiavo, où se déroule actuellement la deuxième étape du projet «100 % Valposchiavo», le montre de façon impressionnante. Le but de ce projet est que, d’ici 2028, toutes les paysannes et tous les paysans de la vallée non seulement cultivent leurs exploitations de manière biologique, mais aussi transforment eux-mêmes tous leurs produits – produits laitiers et carnés, farine de sarrasin, fines herbes, fruits, etc. – et les commercialisent sous la marque «100 % Valposchiavo». La région crée ainsi une chaîne de création de valeur ajoutée intégrée. Avec un franc succès: «Plus de cent produits ont déjà le certificat», déclare Cassiano Luminati, directeur du Polo Poschiavo. Depuis 2015, la plupart des restaurants de la vallée ont à leur carte des spécialités préparées exclusivement avec des ingrédients locaux. La Confédération participe aux coûts de l’étape actuelle (2021-2028) à raison de 10,7 millions de francs dans le cadre du programme des projets de développement régional (PDR) de l’Office fédéral de l’agriculture. La transformation du val Poschiavo en une «bio smart valley» innovante a été planifiée de longue date. «La vallée compte parmi les pionniers de l’agriculture biologique», rappelle Cassiano Luminati. À l’heure actuelle, 95 % de la surface agricole est déjà exploitée de manière biologique – un pourcentage unique en Suisse! L’inscription en 2008 de la ligne ferroviaire de la Bernina au patrimoine mondial de l’UNESCO a constitué une étape décisive pour le développement de la vallée. «Nous avons ensuite développé de manière participative une stratégie régionale centrée sur les ressources matérielles et immatérielles de notre région», poursuit Cassiano Luminati. L’objectif est de faire du paysage unique du val Poschiavo le fondement économique de son développement régional, en empruntant la voie d’une symbiose entre agriculture biologique et tourisme durable. La vallée se trouve au beau milieu d’un projet à long terme que la population mettra en œuvre pas à pas. À cet effet, celle-ci utilise habilement les nombreux instruments que la politique met à sa disposition. Avec son dernier projet, le projet-modèle «pérenniser les valeurs paysagères pour les générations futures», la vallée essaie de définir la voie de l’avenir à l’aide de «Perspectives 2040» communes. La mémoire historique de la vallée, la connaissance traditionnelle du paysage et les valeurs de la population locale doivent imprégner encore plus fortement les processus de développement régional.

Vue sur Poschiavo (GR, val Poschiavo) © regiosuisse

Inspiration historique

Quels que soient les instruments de promotion, environ deux tiers des projets de mise en valeur du paysage examinés dans l’étude de PLANVAL concernent le tourisme. Ce n’est pas un hasard, étant donné la densité unique de paysages attractifs en Suisse et l’évolution historique du pays. La «découverte des Alpes» par de jeunes voyageurs surtout anglais a pour ainsi dire été à l’origine du tourisme suisse. Sur le modèle du «Grand Tour» que Thomas Cook a mis sur pied pour la première fois en 1858 comme voyage organisé à travers la Suisse, le projet «Grand Tour of Switzerland» lancé par Suisse Tourisme en 2015 est centré sur la diversité paysagère. Cet itinéraire de 1640 kilomètres traverse, le plus souvent en voiture, les paysages les plus spectaculaires et les villes les plus attractives de Suisse. Il relie 5 cols alpins, 22 lacs, 12 sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO et 45 curiosités. Cette offre recourt aux infrastructures existantes de transport, de restauration et d’hébergement. Les seules nouveautés sont 650 panneaux indicateurs discrets et 48 cadres de photographie fixes qui entourent des éléments particuliers du paysage et invitent à les photographier. «Avec eux, nous mettons l’aspect iconographique des paysages et des localités au cœur de l’expérience», explique leur concepteur Matthias Imdorf, d’Erlebnisplan AG, qui était de la partie en tant que conseiller. Il est convaincu que la mise en valeur du paysage recèle encore «un potentiel presque infini».

© regiosuisse

Utilité économique difficile à chiffrer

Les exemples de l’étude de PLANVAL démontrent de manière impressionnante qu’une utilisation et une gestion durables du paysage, axées sur la qualité et diversifiées, peuvent réussir à deux conditions: la connaissance des conditions-cadres légales complexes et une coordination adéquate des participants dans le sens d’une gouvernance optimale.

Dans de nombreux exemples, les avantages écologiques et esthétiques du paysage sont aussi évidents que les bénéfices immatériels tels que gain de prestige, culture de la coopération ou nouveaux réseaux socio-économiques. Un défi subsiste: faute de données, il est souvent difficile de savoir précisément quelle création de valeur ajoutée concrète il est effectivement possible d’atteindre avec des produits et des services liés au paysage. On ne peut déterminer qu’indirectement les avantages économiques que perd une région lorsqu’elle renonce à la mise en valeur du paysage. Il faut encore fournir certains travaux économiques de base sur ce point. «Il est certes possible de calculer assez précisément dans la plupart des cas l’utilité immédiate du paysage, par exemple pour l’agriculture et la sylviculture ou pour une région et une problématique concrète, mais les services culturels et touristiques du paysage sont difficiles à chiffrer globalement», constate une méta-étude3 menée par des économistes de la HES-SO Genève.

Il n’existe pas forcément de lien direct entre la valeur écologique d’un paysage, par exemple comme point chaud de biodiversité, et sa valeur économique. Un parc urbain très fréquenté est peut-être plus précieux économiquement qu’une région naturelle périphérique. Afin de chiffrer quand même la valeur et les prestations d’un paysage, l’économie du paysage se sert de méthodes indirectes, par exemple de la valeur des biens immobiliers, pour évaluer la vue sur un lac ou sur des montagnes. Une étude de l’OFEV4 de 2014 estime de cette façon la valeur récréative de la forêt suisse à deux à quatre milliards de francs par an. Une étude5 de l’EPFZ et du Réseau des parcs suisses publiée en 2018 chiffre la création de valeur ajoutée touristique à 22 millions de francs par an pour le Parc paysager de la vallée de Binn et à 106 millions pour le Parc Ela.

Globalement, les évidences en termes d’évaluation économique du paysage sont donc encore insatisfaisantes à l’heure actuelle. Mais la mesurabilité de la création de valeur ajoutée induite par le paysage serait une condition importante pour aborder de manière plus ciblée le développement régional lié au paysage. L’expert en tourisme Jürg Schmid voit surtout dans le tourisme proche de la nature des possibilités de croissance supérieures à la moyenne. Elles pourraient être exploitées sans porter atteinte à la qualité des paysages. Selon lui, «les parcs naturels régionaux et les régions inscrites au patrimoine mondial présentent l’essence de la nature suisse et de la diversité régionale. Mais il manque des offres qui donnent envie aux visiteurs et plus spécifiquement aussi des expériences destinées au marché du voyage haut de gamme qui transforment l’important potentiel en création de valeur ajoutée».

Il existe donc des potentiels, des instruments et de bons modèles pour exploiter et promouvoir la grande qualité paysagère des régions de Suisse. Ce qu’il faut surtout, ce sont des personnes engagées et endurantes, qui ont de bonnes idées, qui identifient les potentiels et qui incitent les différents prestataires à participer.

Cadre légal et instruments de promotion

Législation pertinente pour le paysage: Constitution fédérale (Cst.), loi sur l’aménagement du territoire (LAT), loi fédérale sur la protection de la nature et du paysage (LPN), ordonnance sur les parcs (OParcs), loi sur l’agriculture (LAgr), loi sur les forêts (LFo), loi sur la protection des eaux (LEaux), loi fédérale sur les chemins pour piétons et les chemins de randonnée pédestre (LCPR), loi sur la chasse (LChP), loi fédérale sur la pêche (LFSP), loi sur l’énergie (LEne), loi sur les routes nationales (LRN), loi sur les chemins de fer (LCdF), Conception Paysage Suisse (CPS), etc.

Instruments de promotion de la Confédération: Nouvelle politique régionale(NPR), politique fédérale des parcs, conventions-programmes dans le domaine de la protection de la nature et du paysage, aides financières en vertu de l’art. 13 LPN (voies de communication historiques, localités caractéristiques et conservation des monuments historiques), projets de développement régional (PDR), projets de qualité du paysage (PQP), projets-modèles pour un développement territorial durable (MoVo), promotion touristique (Innotour), Fonds Suisse pour le Paysage, etc.

gantrisch.ch

valposchiavo.ch

grandtour.myswitzerland.com

regiosuisse.ch/npr

parks.swiss

bafu.admin.ch/parcs

blw.admin.ch/pdr

regiosuisse.ch/aides-financieres

Bibliographie et informations supplémentaires

Autres articles

«L’attractivité du paysage est le fondement du tourisme.»

Pirmin Schilliger & Urs Steiger

Les nombreux paysages uniques de Suisse constituent depuis bientôt 250 ans son véritable capital touristique et la principale base existentielle de nombreuses régions rurales. Mais le paysage est aussi un facteur important pour des villes comme Lucerne. Comment continuer à mettre en valeur ces paysages uniques dans le cadre du développement régional tout en renforçant leurs qualités propres? Cette question a été débattue par Dominique Weissen Abgottspon, directrice du Réseau des parcs suisses, Marie-France Roth Pasquier, conseillère nationale, conseillère communale à Bulle (FR) et présidente de l’agglomération Mobul, ainsi que Jürg Schmid, ancien directeur de Suisse Tourisme, président de Graubünden Ferien et associé d’une agence de marketing et de communication.

regioS: Dans de nombreuses régions de Suisse, la mise en valeur et l’utilisation du paysage sont un facteur décisif pour le développement régional. La question qui se pose est la suivante: sommes-nous vraiment sur la bonne voie avec la Nouvelle politique régionale (NPR) et d’autres instruments de promotion du développement régional dans le sens d’une utilisation durable du paysage?

Dominique Weissen Abgottspon: Le paysage est le potentiel, mais aussi l’atout que les régions rurales et de montagne ont en main. En principe, je trouve correcte l’approche consistant à parler volontairement de mise en valeur du paysage. Elle contribue à ce que le paysage soit réellement apprécié et traité avec soin. Avec l’instrument des parcs suisses, nous avons certainement pris un bon chemin dans cette direction.

Dans quelle mesure?

Dominique Weissen Abgottspon: Les parcs s’engagent à préserver et à revaloriser le paysage. Ils pratiquent une promotion économique durable et un tourisme proche de la nature.

Où se situent les limites de la mise en valeur?

Dominique Weissen Abgottspon: Des conflits d’objectifs peuvent apparaître lorsque nous promouvons le tourisme dans un paysage intact, par exemple en cas de construction d’infrastructures. Souvent, il n’est pas facile non plus de générer de la valeur ajoutée. Une forte affluence de visiteurs à elle seule n’est guère utile aux régions. Il faut aussi de bonnes offres – surtout dans la restauration et l’hébergement – et des produits régionaux que l’on puisse acheter.

Monsieur Schmid, où voyez-vous encore un potentiel pour mettre en valeur le paysage sans affecter sa protection?

Jürg Schmid: La protection tant du paysage que de la nature est une nécessité stratégique du tourisme, même si de nombreux/ses spécialistes du tourisme ne l’envisagent peut-être pas encore ainsi. Le fondement sur lequel repose le tourisme suisse est l’attractivité du paysage. Personne ne vient dans nos régions de montagne à cause de pentes recouvertes de bâtiments de haute valeur architecturale. Le pôle d’attraction est le paysage. Sa protection est donc cruciale pour le tourisme. Quant à savoir s’il existe encore une marge de manœuvre pour mettre le paysage en valeur, la réponse est oui ! Je suis un grand fan des parcs, mais je suis aussi un peu critique sur certains aspects. La nature et le paysage apportent beaucoup, mais ne créent aucune valeur ajoutée touristique directe. Ce sont toujours les produits dérivés – hôtels, restaurants ou tours guidés – qui apportent des emplois et de la valeur ajoutée aux régions périphériques. Ce qui me manque un peu dans ce domaine, c’est l’innovation. Il me manque aussi la coopération, la collaboration étroite et la mise en réseau, spécialement dans le domaine de l’organisation moderne de l’expérience. Comment est-ce que je transforme un beau paysage en une expérience touristique? Cette question recèle encore un énorme potentiel et il existe encore nombre de possibilités et de moyens que l’on pourrait valoriser.

Partagez-vous ce point de vue, Madame Weissen? Trop peu de collaboration et trop peu d’expériences dans les parcs?

Dominique Weissen Abgottspon: Je trouve au contraire que la bonne collaboration est une force énorme des parcs. À de nombreux endroits, l’agriculture et le tourisme collaborent de façon exemplaire avec les organisations des parcs. La mise en œuvre des projets est intercommunale et intersectorielle. C’est formidable que le parc rénove une voie de communication historique en harmonie avec la nature et l’environnement, incorpore des expériences dans ce paysage et coordonne le tout avec le marketing touristique. La diversité des expériences est aussi incroyable dans la plupart des parcs. J’observe également nombre de nouveaux projets innovants, depuis le tour en famille de ferme en ferme avec des chevaux franches-montagnes dans le Jura jusqu’à la chasse au trésor culinaire «Savurando», proposée maintenant dans quelques parcs. Le plaisir de contempler la nature s’y combine avec une expérience particulière, avec la santé et la détente. Je vois déjà nombre de très bons exemples dans les parcs, mais il y a naturellement toujours une marge de progression.

Dominique Weissen Abgottspon © regiosuisse

Jürg Schmid: Je conviens tout à fait qu’il existe de très nombreux bons exemples. Mais il y a encore un potentiel de progression considérable. Dans le cadre de notre étude1  pour le compte de l’OFEV, nous avons interrogé tous les parcs et toutes les destinations touristiques de leur voisinage. Les faits sont clairs: la mise en réseau ne se déroule pas encore de manière idéale. Au sujet du Parc Ela par exemple, on ne trouve pas encore suffisamment d’informations substantielles sur les nombreux sites Internet des organisations touristiques des environs. Mais je suis d’accord avec Dominique Weissen: les parcs sont le fondement d’un tourisme porteur d’avenir; ils ont un grand avenir devant eux, car l’écotourisme en tant que forme douce d’accès à la nature est l’un des tout grands domaines de croissance.

Où voyez-vous concrètement le plus grand potentiel d’amélioration, Monsieur Schmid?

Jürg Schmid: Il y a encore beaucoup trop peu de tours individualisés qui créent un accès personnel à l’expérience. Il en existe pourtant de bons exemples: la recherche de cristaux avec Ewald Gorsat dans la vallée de Binn ou les nombreuses offres formidables du val Müstair. Nous constatons en outre que les spécialistes du paysage ont très peur du contact avec le marché du voyage haut de gamme. Tout ce qui paraît cher suscite la défiance. Si on mentionne encore le mot «luxe», on effraie littéralement les gens. Or le segment du luxe est le plus grand marché de croissance et la Suisse a toute sa place dans ce marché haut de gamme. La clientèle de luxe s’intéresse beaucoup à l’écotourisme. L’inverse n’est pas forcément vrai. Il existe donc des segments entiers auxquels les parcs ne s’adressent pas encore vraiment et que nous devrions absolument promouvoir – y compris en faveur d’une acceptation plus large des parcs et de la protection du paysage.

La mise en réseau est une question centrale, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des parcs. Madame Roth, vous vivez à Bulle (FR), soit directement en bordure du grand Parc naturel régional Gruyère Pays-d’Enhaut. En tant qu’agglomération, quelle relation avez-vous avec ce parc? Comment fonctionnent les échanges?

Marie-France Roth Pasquier: En fait, la particularité de notre agglomération est de se situer à deux pas de la nature. Notre région est très verte et très touristique, mais son développement est celui d’une ville et de son agglomération. Cela tient notamment au fait que nous ne nous trouvons pas directement dans le périmètre du Parc. Notre région touristique profite certes du Parc, mais en Gruyère même celui-ci n’est pas un site touristique. Cela paraît un peu contradictoire, mais il se trouve que les touristes ne visitent pas la région en priorité pour son Parc. Ils y viennent pour la cité de Gruyères, le fromage et la chocolaterie Cailler. Ce n’est donc pas le Parc qui attire la majeure partie des touristes. En outre, les touristes qui visitent le Parc et y font des vacances ne sont pas les mêmes que ceux qui visitent la chocolaterie et la cité de Gruyères. Néanmoins, la région et l’agglomération tirent globalement profit du Parc.

Marie-France Roth Pasquier © regiosuisse

Quelle est l’importance de la qualité du paysage pour l’agglomération? Cette qualité explique-t-elle la forte croissance récente de Bulle et de la Gruyère?

Marie-France Roth Pasquier: C’est grâce à la qualité de notre paysage que nous pouvons offrir une qualité de vie élevée. Nous attirons ainsi de nombreuses entreprises, et de nombreux citadins souhaitent habiter dans notre agglomération verte. Notre plan d’agglomération, qui remonte à 2007, attache la plus grande importance à la protection de la nature. Il a en tout cas empêché dans notre région le mitage qui accompagne la croissance à de nombreux autres endroits. Notre agglomération a bien sûr l’avantage d’être toute petite. Le plan directeur régional veille à la préservation de la nature sous le label «La Gruyère – verte et urbaine». Nous souhaitons donc conserver et protéger notre paysage vert, mais aussi nous développer économiquement et continuer à attirer des visiteurs. Tous ces objectifs ne sont pas forcément en conflit, mais requièrent beaucoup de travail et de doigté pour établir un équilibre entre la protection du paysage et le développement économique urbain.

L’agglomération a-t-elle des projets concrets pour protéger le paysage?

Marie-France Roth Pasquier: Avec le projet d’agglomération de quatrième génération, nous voulons protéger et étendre nos espaces verts existants. Nous voulons également étendre et interconnecter les trames vertes. La ville de Bulle a en outre rejoint le programme Ville verte.

Comment échangent l’agglomération et le Parc naturel régional Gruyère Pays-d’Enhaut?

Marie-France Roth Pasquier: De notre côté, il y a très peu d’échanges, à vrai dire quasiment aucun. Nous nous connaissons certes l’un l’autre, mais n’avons encore jamais collaboré, bien que le Parc soit intégré dans la planification régionale.

Qu’en est-il pour les parcs suisses en général? Y a-t-il au moins des échanges d’expériences entre les parcs et les agglomérations?

Dominique Weissen Abgottspon: Dans le Haut-Valais, l’urbain et le rural sont très bien reliés. Des enquêtes ont par exemple montré que de nombreux visiteurs du Parc paysager de la vallée de Binn viennent de tout près: de Brigue et de Viège. Les bénéfices sont donc mutuels. Mais je ne connais pas de coopération institutionnalisée entre agglomérations et parcs.

Une collaboration plus étroite serait aussi nécessaire entre les parcs et les organisations touristiques des environs. Qui devrait faire le premier pas?

Jürg Schmid: Les deux parties doivent aller à la rencontre l’une de l’autre. Il y a un potentiel de progression des deux côtés. Il est rare que les parcs soient nés du tourisme. Ils ont d’autres racines et leur interconnexion avec le tourisme n’est donc souvent pas optimale – bien qu’ils reflètent l’une des tendances touristiques les plus importantes au monde: le désir de nature, de paysage et de cheminement doux dans ce paysage. Nombre de gens pensent que c’est un tourisme à budget réduit. Or il s’agit de l’un des segments de croissance les plus importants dans les hôtels quatre ou cinq étoiles. Le tourisme proche de la nature intéresse toutes les catégories de consommateurs. L’interconnexion entre les parcs et les organisations touristiques est nécessaire pour que la mise en valeur soit optimale.

Jürg Schmid © regiosuisse

Tout cela se résume-t-il à une question de meilleure organisation si l’on veut exploiter le potentiel sans lui nuire? Ou y a-t-il aussi des questions de régulation?

Dominique Weissen Abgottspon: Les parcs sont jeunes. Ils n’existent que depuis une dizaine d’années. Lorsqu’ils se sont lancés, la relation avec les institutions touristiques traditionnelles n’était pas encore clarifiée. Les tentatives de rapprochement ont maintenant atteint des niveaux variables: dans certains parcs, il y a des domaines clairement délimités et une collaboration intensive avec le tourisme, souvent sur la base de contrats de prestations. Puis il y a des parcs pour lesquels la collaboration ne fonctionne pas de manière optimale. Ils ne peuvent donc pas exploiter les potentiels de synergies. Mais actuellement, on cultive probablement dans la majorité des cas une bonne collaboration entre parcs et organisations touristiques.

Devons-nous entreprendre des démarches supplémentaires afin d’utiliser le paysage pour le développement régional?

Jürg Schmid: Le développement du savoir est très important. Le savoir relatif aux demandes des spécialistes du paysage est insuffisant dans le tourisme. Les programmes de formation des écoles de tourisme n’abordent encore guère cette question. Les spécialistes du tourisme doivent fortement développer leurs connaissances sur ces nouvelles formes touristiques. De l’autre côté, les spécialistes du paysage doivent aussi développer une compétence touristique – et les parcs n’en sont qu’un aspect –, surtout en ce qui concerne l’organisation et la communication d’expériences. Ceci requiert davantage que la seule intuition. Il faut des connaissances solides et savoir construire une dramaturgie touristique. Nous avons également des potentiels inexploités dans la communication, dans la mise en réseau numérique et dans les synergies résultant d’une meilleure coopération. La mentalité de concurrence, qui existe malheureusement encore trop souvent, a fait son temps.

Quelle contribution le développement régional peut-il apporter non seulement pour intégrer le paysage au sens touristique, mais aussi pour développer ses qualités intrinsèques?

Dominique Weissen Abgottspon: Il est important que le développement régional se réfère vraiment au paysage. L’agriculture joue un rôle très important à cet égard. Il est important de penser à long terme pour toutes les décisions qui concernent le paysage. Le paysage est le capital, et ce qui est détruit un jour ne sera plus à la disposition de la génération suivante.

Marie-France Roth Pasquier: J’aimerais évoquer les nombreuses fermes traditionnelles de la Gruyère. Elles constituent une attraction touristique importante, mais les moyens nécessaires pour les préserver et les rénover font souvent défaut. Dans le cadre de la planification régionale, nous avons dû énoncer clairement que le patrimoine culturel et architectural joue un rôle primordial si nous souhaitons mettre le paysage en valeur dans notre région. La rénovation des fermes est aussi un bon moyen de maintenir vivants les villages qui n’ont pas de réserve de terrains à bâtir.

Jürg Schmid: La nature et le paysage constituent depuis environ 250 ans le fondement sur lequel le tourisme croît et prospère. Les paysages sont les premières attractions touristiques. Le tourisme a très souvent peur de la protection parce qu’il craint que son développement soit freiné. Sur ce point, il doit encore vraiment suivre une courbe d’apprentissage et apporter sa contri­bution en promouvant la protection. Jusqu’à présent, la croissance du tourisme hivernal était très centrée sur les remontées mécaniques et le ski. Mais la réalité est que les formes touristiques plus douces croissent aujourd’hui plus vite, surtout la randonnée hivernale. Le tourisme doit donc aussi repérer où vont les tendances et donc promouvoir et mettre davantage en lumière les formes plus douces. Il devrait prendre fait et cause pour les parcs, mais il peut aussi exiger quelque chose de leur part.

parks.swiss

mobul.ch

1 Chance Landschaft – eine touristische Potenzial­betrachtung (im Auftrag des BAFU). Chantal Cartier, Jürg Schmid – Schmid Pelli und Partner AG. Zürich, 2021.

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Le aree alpine sopra il limite della vegetazione arborea sono considerate ufficialmente improduttive. Eppure, cime, creste e pareti rocciose offrono possibilità sportive e di svago importanti ai fini turistici e sono molto ambite dagli alpinisti. Rita Christen, guida alpina e presidente dell’associazione svizzera di categoria (SBV/ASGM), spiega il fascino dell’alpinismo d’alta montagna.

Le aree alpine sopra il limite della vegetazione arborea sono considerate ufficialmente improduttive. Eppure, cime, creste e pareti rocciose offrono possibilità sportive e di svago importanti ai fini turistici e sono molto ambite dagli alpinisti. Rita Christen, guida alpina e presidente dell’associazione svizzera di categoria (SBV/ASGM), spiega il fascino dell’alpinismo d’alta montagna.

«Ho da sempre la passione per la montagna. Sono cresciuta a Urnäsch (AR) ai piedi del Säntis. Mio padre era il direttore delle funivie locali. Da bambini andavamo spesso in montagna con i nostri genitori ma le cime non hanno avuto subito un ruolo importante nella mia vita. Mi interessavano di più i paesaggi incontaminati. Da ragazza ho viaggiato molto. Ho attraversato l’Islanda in bicicletta e ho trascorso parecchio tempo in Alaska da sola. Sono arrivata all’alpinismo solo più tardi, quando ho conosciuto mio marito. Entrambi cercavamo nuove sfide. La professione di giurista da sola, a lungo andare, mi sembrava troppo noiosa, in più non ero riuscita a trovare il lavoro dei miei sogni nel servizio diplomatico o nell’ambito della cooperazione allo sviluppo. Così, insieme a mio marito, ho deciso di seguire la formazione per diventare guida alpina. Seppur con sentimenti contrastanti, 25 anni fa ci siamo trasferiti nella Surselva. Una valle che nel frattempo è diventata la mia casa a tutti gli effetti.

Ai miei clienti offro scalate o escursioni con le pelli di foca soprattutto nei Grigioni o nel Cantone di Uri. La mia meta preferita è il Salbitschijen nella Göschenertal. È una montagna che sa veramente conquistare il cuore degli alpinisti: pareti impegnative con diverse vie, granito rosso-oro, creste vertiginose e un panorama mozzafiato con cime di 3000 metri ricoperte dai ghiacci. Naturalmente nell’alpinismo conta soprattutto l’aspetto sportivo, ma anche il paesaggio ha la sua importanza. Il mix di bellezza, pericoli e rischi è adrenalinico. A questo si aggiunge l’emozione che solo la conquista di una cima ti regala, trasmettendoti un senso di vastità quasi spirituale che crea dipendenza. Comunque sia, non potrei rinunciarci a lungo.

Per motivi ecologici organizziamo le nostre escursioni private quasi esclusivamente nelle regioni più vicine. Visiteremmo volentieri regioni più lontane, ma i cambiamenti climatici sono troppo evidenti anche nelle nostre montagne. Di pareti tradizionalmente ghiacciate non sono rimasti che mucchi di materiale detritico, alcune vie non sono più praticabili, la messa in sicurezza dei passaggi è sempre più onerosa. Questi cambiamenti mi preoccupano molto. L’alpinismo come tale non lascia praticamente tracce nella natura se chi lo pratica si comporta correttamente. Tuttavia, l’impronta ecologica dell’alpinista può risultare più o meno importante, a seconda del mezzo di trasporto scelto per il viaggio e del materiale utilizzato. Nel nostro settore si discute molto dell’utilizzo dello spazio alpino. In qualità di presidente dell’Associazione delle guide alpine, mi impegno per trovare un compromesso adeguato tra utilizzo e protezione per consentire alle guide alpine di mantenere per quanto possibile il libero accesso alle montagne. Tutte le parti coinvolte sono concordi nell’affermare che nelle montagne non dovrebbero mai crearsi situazioni simili a quelle dell’Altipiano svizzero oggetto di uno sfruttamento eccessivo. Lì faccio perfino fatica a percepire il paesaggio. Riesco a respirare di nuovo liberamente solo quando torno in montagna».

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Le paysage: capital d’une région de montagne

Lukas Denzler

Avec leur paysage naturel, les Préalpes zurichoises contrastent à maints égards avec l’agglomération trépidante de Zurich. L’association Pro Zürcher Berggebiet a identifié cet atout et souhaite, avec le Canton, mettre davantage en valeur le paysage dans le cadre de la Nouvelle politique régionale (NPR). Dix communes de l’Oberland zurichois et de la vallée de la Töss ainsi que deux communes thurgoviennes et une commune saint-galloise sont membres de l’association. Dans ce périmètre NPR intercantonal, le canton de Zurich est responsable du programme vis-à-vis de la Confédération.

L’orientation fondamentale de la NPR dans le canton de Zurich a consisté dès le début à accroître la valeur ajoutée régionale à partir des qualités paysagères. Avec l’objectif « Ruhelandschaft (paysage reposant) », il est prévu de positionner les Préalpes zurichoises comme lieu de repos, de temps pour soi et de santé. Une étude de base de la Haute école zurichoise des sciences appliquées (ZHAW) sur le potentiel des Préalpes zurichoises – une première étape importante du projet – confirme le potentiel qu’offre l’intégration des valeurs existantes dans les chaînes régionales de création de valeur ajoutée. Des thèmes comme le repos, le temps pour soi et la santé répondent aux besoins sociaux de détente, de décélération et d’équilibre. Durant la période NPR actuelle, il est prévu de relier les offres existantes avec les nouvelles offres, par exemple celles du prieuré bénédictin de Fischingen, une oasis de paix pour les cours et les séminaires et aussi un petit bijou pour les manifestations culturelles. Pour lancer des projets concrets, il est également important de rendre visible le potentiel qui s’offre avec ce paysage reposant pour les acteurs régionaux et la population locale. Une meilleure compatibilité du travail et de l’habitat, par exemple grâce à de nouveaux espaces de coworking, doit également contribuer à développer l’Oberland zurichois comme espace complémentaire des régions urbaines.

prozb.ch

zh.ch/lares

regiosuisse.ch/npr

La version complète est disponible en allemand et en italien.

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Les régions à l’épreuve du coronavirus

Pirmin Schilliger & Urs Steiger
La maladie covid-19 a déclenché cette année une grave crise dans le monde entier et en Suisse. Celle-ci est encore loin d’être terminée, nous nous trouvons au contraire en plein dedans. Tous les domaines de la vie et de l’économie sont affectés, surtout les soins de santé. À de nombreux endroits de Suisse, la crise touche particulièrement le tourisme et l’industrie horlogère, qui constituent l’épine dorsale économique de nombreuses régions de montagne ou rurales. Il s’agit d’une dure épreuve pour un grand nombre de personnes. On ignore quelle en sera l’issue.
© regiosuisse

Le confinement décrété mi-mars a subitement plongé le tourisme dans un état de choc. À l’échelle suisse, le nombre de nuitées a subi une chute drastique pratiquement d’un jour à l’autre: –62 % en mars, –80 % en avril et –78 % en mai par rapport aux mêmes mois de l’année précédente. Il s’est légèrement redressé en juin à la faveur des premiers assouplissements et a retrouvé le niveau de mars, soit de nouveau 62 % au-dessous du niveau de l’année précédente. Un grand nombre de clients non seulement étrangers, mais aussi suisses ont été absents des stations touristiques. L’occupation s’est légèrement redressée en juillet et août. Selon l’Office fédéral de la statistique (OFS), la diminution des nuitées s’est stabilisée au cours de ces deux mois d’été à –26 % et à –28 % en moyenne.

Vacances (forcées) en Suisse

Les différences régionales ont toutefois été considérables. Quelques régions ont pu tirer profit du fait que les Suissesses et les Suisses ont renoncé aux voyages à l’étranger et, à la place, ont passé leurs vacances dans les régions de montagne suisses. Par exemple, les hôtels du val Poschiavo ont très tôt affiché complet. En juillet par rapport à l’année précédente, la Surselva a vu les nuitées augmenter de 40 %, la Basse-Engadine de 43 % et le val Bregaglia même de 53 %. Dans les régions, cet essor s’est poursuivi jusqu’en automne. Toutefois, il y a aussi eu des perdants dans les régions en plein boom. «On a compté parmi eux surtout les restaurants, qui ont dû fermer complètement durant le confinement et qui par la suite n’ont pu reprendre le travail que dans une mesure limitée à cause des mesures de protection», explique Martina Schlapbach de la Regiun Engiadina Bassa/Val Müstair.

Dans les cantons d’Appenzell et du Tessin ainsi que dans certaines régions du Jura, le nombre de nuitées a aussi été nettement supérieur à celui de la même période de l’année précédente. La destination Saignelégier-Le Noirmont a presque réussi à doubler ses nuitées. Quelques points chauds comme le val Maggia, le val Verzasca ou la piscine de Porrentruy ont presque été submergés par beau temps. Le pays d’Appenzell ne parvenait plus guère à se défendre contre les randonneurs venus de toute la Suisse. Cette ruée a été exploitée avec délectation par les médias. Andreas Frey, directeur d’Appenzell Rhodes-Extérieures Tourisme, relativise toutefois: «Tout cela n’a posé aucun problème.» Il ne souhaite en tout cas pas parler de «surtourisme». «Lors de chaque jour de pointe, nous avons essayé de rediriger les groupes de randonnée vers des itinéraires moins fréquentés – avec un franc succès», souligne-t-il.

Les loueuses et les loueurs d’appartements de vacances ont également fait partie des gagnants. Les résidences isolées ont été particulièrement demandées. Sur la plateforme de Grisons Tourisme par exemple, qui regroupe une offre de 3000 appartements dans dix destinations, les réservations supplémentaires d’appartements dépassaient encore 70 % en octobre, alors que le maximum intermédiaire de l’été avait fléchi depuis longtemps dans de nombreuses autres régions.

(Presque) plus rien ne tourne dans le tourisme urbain

Le tourisme urbain s’est retrouvé grand perdant. Les clients internationaux ont fait défaut dans les centres urbains, et le tourisme d’affaires et de congrès s’est arrêté presque complètement. Zurich (–77 %), Genève (–75 %), Lucerne (–66 %), Bâle (–63 %) et Berne (–59 %) sont les villes qui ont perdu le plus de nuitées durant les mois d’été. Vu qu’elle s’est de nouveau aggravée en octobre après une brève amélioration au début de l’automne, la situation est maintenant très sombre. D’après un sondage d’HotellerieSuisse, deux tiers des hôtels urbains se préparent à des licenciements. Des centaines de grands hôtels urbains sont à deux doigts de la faillite.

En plus du tourisme urbain, les régions de montagne très axées sur les clients étrangers, notamment sur les groupes de voyageurs venant d’Asie, ont particulièrement souffert de la crise. La destination Engelberg-Titlis compte parmi ces régions. Le chiffre d’affaires des Titlis Bergbahnen est tombé durant les mois d’été à 20-30 % du niveau de l’année précédente. Le directeur Norbert Patt, qui a tout de suite réagi en prenant des mesures rigoureuses de réduction des coûts, a entre-temps annoncé des suppressions d’emplois. Le chemin de fer de la Jungfrau a aussi été subitement privé de ses clients internationaux, qui jusqu’à présent provenaient à 70 % d’Asie. Les responsables du marketing ont certes essayé de rectifier rapidement le tir en prenant des mesures comme le Jungfrau Corona-Pass qui permet de circuler librement sur le réseau du chemin de fer de la Jungfrau – avec pour résultat que le Jungfraujoch a tout à coup été à 95 % aux mains des Suisses. Mais contrairement aux clients asiatiques, les Suissesses et les Suisses ne sont venus que par beau temps. Ils ont en outre dépensé moins d’argent en moyenne que les touristes d’Extrême-Orient.

Comme dans la plupart des régions de Suisse, les buts d’excursion et les hôtels qui misent en priorité sur le marché suisse et sur le marché européen ont compté parmi les gagnants qu’il y a aussi eu dans l’Oberland bernois. «Les campings ont aussi tiré leur épingle du jeu, de même que la sous-région Haslital-Brienz, dont l’orientation est traditionnellement moins internationale», explique Stefan Schweizer, directeur de la Conférence régionale Oberland-Ost. Mais malgré les lueurs d’espoir estivales, le bilan touristique est aussi globalement négatif dans l’Oberland bernois. Par exemple, la région d’Interlaken a certes enregistré une augmentation de 192 % des clients suisses dans l’hôtellerie en juillet, mais le nombre total de nuitées a diminué de moitié parce que cette destination vit principalement de l’activité internationale lors d’une saison normale. D’autres stations célèbres comme Wengen, Davos aux Grisons ou Zermatt en Valais se trouvent dans une situation analogue.

Appenzell © regiosuisse

De mauvais souvenirs se réveillent dans le Jura

L’industrie horlogère est l’épine dorsale économique du Jura, tout comme le tourisme pour une grande partie des régions de montagne. Avec le tourisme, elle fait partie en Suisse des branches économiques qui souffrent le plus de la crise du coronavirus. Le chiffre d’affaires de l’industrie horlogère a chuté de 35 % au deuxième trimestre. La branche a certes réussi à se remettre légèrement de ce choc au troisième trimestre, mais la Fédération de l’industrie horlogère suisse s’attend à une diminution de 25 à 30 % pour l’ensemble de l’année. Jusqu’en octobre, la baisse des exportations de montres par rapport à l’année dernière dépasse un tiers.

Cette situation réveille de mauvais souvenirs dans les villes horlogères de l’Arc jurassien. Des villes comme Le Locle ont certes tiré les leçons de la «crise horlogère» des années 1970 et diversifié leur économie depuis lors, mais la dépendance par rapport à l’industrie horlogère est toujours grande à de nombreux endroits. La vallée de Joux en est l’exemple éclatant: cette vallée proche de la frontière française compte 7000 habitants, mais 8000 emplois, en majeure partie dans l’industrie horlogère. «La pandémie de coronavirus nous a durement touchés», déplore Éric Duruz, directeur de l’ADAEV (Association pour le Développement des Activités Économiques de la Vallée de Joux). Les fabriques d’horlogerie ont certes pris de bonne heure des mesures de protection pour le personnel, déjà avant que la Confédération n’en ait ordonné. Mais après le confinement, la plupart des entreprises sont restées à l’arrêt un mois et demi. À la vallée de Joux, la pandémie n’a pas non plus été qu’un lointain grondement de tonnerre, mais a fait un nombre de morts plus élevé que la moyenne. Les autorités des différents niveaux se sont coordonnées afin de maintenir à peu près les soins de santé dans la Vallée même pendant la phase la plus aiguë. «Les frontalières et les frontaliers sont essentiels pour notre économie et pour le système de santé», rappelle Éric Duruz. Il était donc crucial que la frontière avec la France reste ouverte pour ces pendulaires.

Même si tout n’est de loin pas encore terminé, l’espoir naît entre-temps à la vallée de Joux que la crise ne sera pas aussi grave que dans les années 1970, lorsque plus d’un quart des résidentes et des résidents ont quitté la Vallée. «Nous avons maintenant l’expérience de la crise et sommes plus résistants», affirme Éric Duruz. Il est convaincu que la Vallée sortira même renforcée de cette crise, «grâce à l’esprit d’innovation de notre population, à la solidarité, à une certaine obstination et à un esprit combatif inflexible».

L’état intermédiaire

Comment se terminera l’année 2020 en fin de compte? À quelle vitesse l’économie se redressera-t-elle? Le 12 octobre, les économistes du Secrétariat d’État à l’économie (SECO) se montraient encore confiants dans leur pronostic. Ils calculaient à cette date une diminution de 3,8 % du produit intérieur brut pour l’année en cours. Ce pronostic paraissait nettement plus optimiste qu’au printemps, lorsqu’ils ne voulaient pas exclure une chute pouvant atteindre 10 % dans le scénario du pire. Les conséquences de la pandémie seraient néanmoins toujours très graves, même avec le scénario plus clément d’octobre: une baisse du pib de 3,8 % équivaudrait à la plus forte récession depuis la crise pétrolière du milieu des années 1970.

Impacts de l’épidémie de covid-19  sur l’économie régionale
Dans le cadre du monitoring des régions, regiosuisse observe l’évolution économique des régions, y compris en ce qui concerne spécifiquement les impacts de la crise du coronavirus. La page regiosuisse.ch/crise-du-corona rend compte des résultats actuels.

La situation a radicalement changé entre-temps avec la deuxième vague. Il est par conséquent difficile de dresser un bilan et chaque pronostic devient rapidement obsolète. Fin octobre, lors de la clôture de la rédaction, quatre cinquièmes des entreprises actives dans le tourisme s’attendaient à une nouvelle détérioration de la situation au cours de la saison d’hiver. Comme chacun sait, celle-ci est beaucoup plus importante que la saison d’été pour les stations de ski. Martin Nydegger, directeur de Suisse Tourisme, prépare le secteur à une longue traversée du désert. «Il n’y aura un redressement complet qu’en 2023 ou 2024. Ce sera rude surtout pour les villes», soulignet-il. Martin Nydegger brosse un tableau un peu plus optimiste pour les stations classiques de sports d’hiver. Monika Bandi Tanner, codirectrice de l’Unité de recherche sur le tourisme au Centre de développement économique régional de l’Université de Berne, renvoie au fait que tout dépend de l’évolution de la situation sur le front de la pandémie ainsi que des mesures et des concepts de protection qu’elle entraînera dans les domaines skiables. Vu les nombreux facteurs d’incertitude, il est actuellement difficile de prévoir comment se terminera l’année 2020 pour le tourisme.

© regiosuisse

Travail à distance et repli à la montagne

La structure économique trop spécialisée, très axée sur des domaines particulièrement touchés comme le tourisme ou l’industrie horlogère, n’est pas le seul facteur à avoir accru la vulnérabilité de nombreuses régions au cours de la crise actuelle. La taille des entreprises joue aussi un rôle, abstraction faite de leur appartenance à une branche donnée. Selon un sondage d’UBS, une entreprise sur cinq comptant moins de 10 employés et une entreprise sur dix comptant 10 à 49 employés ont dû suspendre leur activité pendant le confinement. En revanche, «seules» trois grandes entreprises sur cent ont dû fermer. Les répercussions ont été particulièrement négatives dans des cantons tels qu’Appenzell Rhodes-Intérieures, Grisons et Valais, qui présentent une part élevée de petites entreprises et de microentreprises. Sur la base de divers autres indicateurs, UBS parvient à la conclusion que les cantons de montagne sont en général beaucoup plus fortement affectés par la crise et qu’ils auront besoin d’une phase de récupération plus longue.

La pandémie a confirmé qu’une crise accélère et renforce les tendances existantes. Une étude de l’Université de Bâle, qui s’est penchée sur l’adoption du télétravail observée à de nombreux endroits, parvient à la conclusion que cette transformation a visiblement représenté un défi plus important pour l’économie des régions rurales et celle des régions urbaines. Cette étude néglige toutefois un point: pendant le confinement, nombre d’employés se sont retirés de la ville pour se réfugier à la montagne. Ils y ont transformé sans hésiter leur résidence de vacances en bureau à domicile. On ignore toutefois quel pourcentage des quelque 500 000 résidences secondaires a effectivement été utilisé de cette façon pendant le coronavirus. «Notre région a été très animée cet été, surtout à cause des nombreux travailleurs à distance», estime Rudolf Büchi, responsable du développement régional auprès de la Regiun Surselva. Un indice de leur présence est la forte augmentation de l’utilisation du Net et des minutes de conversations téléphoniques dans la région. «Face à cette tendance, la Surselva bénéficie clairement d’une très bonne infrastructure à large bande et d’appartements de vacances gérés activement, qui offrent d’excellentes conditions pour le travail à distance lorsqu’ils sont combinés avec des espaces de coworking tels que ceux du Rocks Resort Laax», explique Rudolf Büchi.

© regiosuisse

La plupart des télétravailleurs sont certes retournés dans leurs résidences principales urbaines après le confinement. Mais nombre d’entre eux y auront pris goût et se demanderont s’ils souhaitent aussi utiliser en temps normal leur refuge de crise et de vacances comme lieu de travail. Ce choix irait tout à fait dans le sens des stratèges du développement qui voient l’avenir des régions de montagne dans l’économie résidentielle, favorisée par le travail à domicile et par les nouvelles formes de travail hybrides et flexibles, qui permettent et stimulent le fait de résider et de travailler loin des centres urbains (cf. regioS 18).

En tant qu’organisation, la NPR a continué de bien fonctionner même dans les moments les plus difficiles.

La NPR en mode de crise

Comment les responsables NPR des régions ont-ils réagi à la crise du coronavirus? Avaient-ils seulement une marge de manœuvre? Stefan Schweizer précise que la NPR n’a pas pour mission de déployer un activisme fébrile dans une situation exceptionnelle de ce genre ni de faire de l’intervention de crise ou même de l’aide d’urgence. La politique régionale vise au contraire à aider les régions à relever sur le long terme les défis des changements structurels. Rudolf Büchi s’exprime de manière analogue: «Nos possibilités d’accomplir quelque chose directement pour atténuer la crise du coronavirus sont limitées.» La plupart des régions NPR de Suisse ont donc renoncé à lancer des projets NPR à court terme pour lutter contre la crise.

Mais cela ne signifie pas que les acteurs soient restés inactifs, bien au contraire: la Regiun Engiadina Bassa/Val Müstair, la Regiun Surselva ainsi que les régions d’Imboden et de Viamala ont par exemple participé à une initiative interrégionale dans le canton des Grisons. C’est dans ce cadre qu’une plateforme a été mise en ligne comme place du marché numérique pour les produits et les services encore livrables pendant la crise. «Cette plateforme a été très appréciée et continue d’être très populaire. Nous examinons maintenant si elle devrait être exploitée à demeure au-delà de la crise du coronavirus», explique Martina Schlapbach, responsable du développement de la Regiun Engiadina Bassa/Val Müstair. Des plateformes semblables ont été lancées dans de nombreuses autres régions, par exemple mehr-uri.ch dans le canton d’Uri, plateforme financée par le biais de la NPR, ou favj.ch/c19/ pour la vallée de Joux, pour ne citer que deux autres exemples.

De nombreuses destinations touristiques ont lancé des actions publicitaires à court terme – surtout par le biais du budget rehaussé de Suisse Tourisme. Les stations et les hôtels qui vivaient jusqu’à présent de séminaires et de groupes se sont reconvertis aux touristes individuels de Suisse. Les restaurants ont agrandi leurs terrasses extérieures, «les autorités ayant tout à coup accordé des autorisations de façon beaucoup plus pragmatique», comme Andreas Frey, d’Appenzell Rhodes-Extérieures Tourisme, le constate avec satisfaction. Différents services ont été numérisés d’urgence afin de pouvoir être proposés et fournis conformément aux règles de distance. Le canton du Valais et The Ark, une fondation de promotion économique, ont lancé début mai à cet effet l’initiative Digitourism, à laquelle une trentaine de jeunes entreprises ont participé en soumettant des propositions. Un jury a enfin sélectionné huit projets, qui ont été mis en œuvre avec le soutien de CimArk, le bras armé des ris (Systèmes régionaux d’innovation) Suisse occidentale en Valais. Le dénominateur commun de tous ces projets est de viser à relancer le tourisme dans le canton à l’aide de solutions numériques. Un exemple: la start-up Guidos.bike a développé le guide touristique Guidos, numérique et personnalisé, en quelques semaines jusqu’à la commercialisation. Il s’agit d’un GPS intelligent qui se monte sur un vélo et qui accompagne l’utilisateur sur un tour défini individuellement. Plus de cinquante prestataires d’activités de plein air utilisent déjà ce guide touristique, ainsi que la grande station touristique de Verbier.

La crise comme opportunité

Les ris ont tout de suite réorganisé leurs programmes de coaching lors du confinement décrété en mars. Le ris Mittelland a immédiatement mis en ligne un site Internet qui énumérait toutes les informations importantes sur les offres de soutien de la Confédération, du canton de Berne et d’autres institutions en lien avec la pandémie. Les ris de toutes les autres régions du pays ont suivi cet exemple un peu plus tard. Les conseillères et les conseillers ont en outre réorienté leur priorité, passant du coaching en innovation à la gestion de crise. Ils ont également soutenu quelques entreprises qui s’efforcent d’exploiter la crise comme opportunité pour optimiser les processus et mener des projets de transformation et d’innovation. Voici l’exemple de Sensopro AG, Münsingen (BE): cette entreprise produit depuis quelques années des appareils de fitness qui servent à entraîner la coordination tout en ménageant les articulations ; elle a exploité la période plus calme à cause de la crise pour développer un nouveau produit qui pourrait être commercialisé encore cette année ; ce projet a bénéficié du soutien du coach ris Nicolas Perrenoud.

Les prestations de la NPR au cours de la crise ont aidé de nombreuses entreprises à mieux s’en sortir. Mais l’aide décisive qui a sauvé d’innombrables entreprises de la ruine est finalement venue du Conseil fédéral, qui a ficelé un paquet exceptionnel composé de chômage partiel facilité, d’allocations pour perte de gain et de crédits garantis accordés en urgence. Sans ce soutien, la situation serait sensiblement plus sombre dans de nombreuses régions. Les mesures de la NPR n’ont naturellement pu avoir que des effets complémentaires. La possibilité créée rapidement de reporter le remboursement des prêts NPR et de l’aide aux investissements dans les régions de montagne (LIM) a toutefois fait augmenter les liquidités de nombreux porteurs de projets et réduit ainsi la pression économique.

Étant donné les heures supplémentaires accomplies par de nombreux responsables NPR en cette période difficile, il ne faudrait pas oublier l’énorme défi qu’a représenté le maintien du fonctionnement opérationnel de la NPR durant le confinement. Nombre de séances, d’ateliers et de réunions ont dû être réorganisés d’urgence pour avoir lieu à distance ou ont dû être annulés. Pas mal de choses ont été retardées, parce que la communication numérique ne convient pas pour tout, ou ont dû être reportées à plus tard. Mais au total, les personnes impliquées dans la NPR ont appris énormément en peu de temps. En tant qu’organisation, la NPR a continué de bien fonctionner même dans les moments les plus difficiles.

regiosuisse.ch/crise-du-coronavirus-nprmehr-uri.chfavj.ch/c19/

Le virus comme accélérateur de l’innovation

Auswirkungen der Corona-Krise auf Schweizer KMU. Sebastian Gurtner, Nadine Hietschold. BFH Gestion, 2020 (en allemand).

«Un changement culturel est nécessaire, tant au sein des entreprises que de la population.»

Pirmin Schilliger & Urs Steiger

Quelles sont les opportunités que les nouvelles formes de travail flexibles offrent aux espaces ruraux et aux régions de montagne? Deux experts et une experte de l’aménagement du territoire et du développement régional ont discuté de cette question lors d’une vidéoconférence: Rahel Meili, cheffe de projet au Centre régional et économique du Haut-Valais SA, Peder Plaz, directeur du Forum économique des Grisons, et Daniel Studer, initiateur et président de la coopérative responsable de la «Plattform Haslital». Voici leur conclusion: les formes de travail flexibles offrent des possibilités de développement non seulement économique, mais aussi social, à condition que chaque région développe des solutions autonomes.

regioS: Faute de données, on ne peut actuellement que spéculer sur l’importance des changements structurels résultant des formes de travail flexibles pour l’espace rural et les régions de montagne. Rahel Meili, qu’observez-vous par exemple dans votre région, le Haut-Valais? Quelle importance y ont déjà les nouvelles formes de travail flexibles?

Rahel Meili: Ce thème n’apparaît que lentement dans le Haut-Valais. Il y a par exemple à Saas Fee une initiative qui vise à mettre en place un espace de co-working. Il est aussi question de co-working à Viège et à Brigue, mais ce sont des centres plus urbains. Si nous nous focalisons sur les régions de montagne, c’est Fiesch qui me vient à l’esprit. Un centre d’affaires comprenant notamment un espace de co-working y sera construit. Il est aussi partout question de numérisation, par exemple avec le projet Interreg « Smart Villages » du Groupement suisse pour les régions de montagne (SAB) auquel participent aussi quelques communes haut-valaisannes.

Les formes de travail flexibles constituent-elles déjà un facteur économique dans le canton des Grisons?

Peder Plaz: Il n’existe pas encore de statistiques pour la Suisse. Mais nous observons depuis 10 à 15 ans une migration des personnes âgées. De plus en plus de gens vont vivre leur retraite à la montagne. Il s’agit de personnes qui souhaitent revenir dans leur région d’origine pour leurs vieux jours, ou qui choisissent un appartement de vacances comme résidence permanente.

Peder Plaz © regiosuisse

Quelle est l’importance de la «Plattform Haslital», déjà établie à Meiringen?

Daniel Studer: Il serait exagéré de déjà parler d’un facteur économique. Je constate toutefois que notre situation n’est pas mauvaise du tout suite aux évaluations de la demande que nous avons faites pour préparer le projet «Plattform Haslital». Nous comptons aujourd’hui plus d’une douzaine d’abonnés – c’est ainsi que nous appelons les usagers de la plateforme – qui y entrent et sortent régulièrement. Ce chiffre comprend aussi la start-up innovenergy, qui a son siège principal auprès de la plateforme et emploie maintenant plusieurs personnes. Nous observons qu’une interconnexion passionnante se produit entre personnes provenant de différents sites, de différentes branches et qui bénéficient de différents types de contrats de travail. Nous en sommes ravis, puisque cette mise en réseau fait partie de notre concept, et nous y voyons un grand potentiel de développement.

En quoi est-il utile aux régions de montagne d’attirer de nouveaux habitants grâce aux formes de travail flexibles?

Rahel Meili: En principe le fait que davantage de gens habitent, consomment et paient des impôts sur place constitue un bénéfice pour une région. C’est également un avantage que les villages soient animés toute la journée et non uniquement aux heures de pointe.

Peder Plaz: Le tourisme constitue la colonne vertébrale économique des Alpes centrales, trop éloignées pour les pendulaires des villes. Mais il a eu des ratés au cours des trente dernières années. Dans cette situation, le nouveau phénomène de légère flexibilisation du poste de travail, qui peut aussi être aménagé par exemple dans une résidence secondaire de cet espace alpin, arrive à point nommé. Il suscite l’espoir que l’importance économique du tourisme commercial puisse évoluer en direction de l’économie résidentielle. Les résidences secondaires sont un thème important à cet égard. Les forces se déplacent lorsque les propriétaires de résidences secondaires se rendent à la montagne non seulement pour skier, mais aussi pour travailler. Aux skieuses et aux skieurs qui travaillent accessoirement sur leur lieu de vacances se joignent les personnes âgées déjà citées qui font de leur résidence secondaire leur domicile principal. Il sera toutefois encore plus déterminant de réussir à recruter aussi des familles comme résidents des régions de montagne grâce aux formes de travail flexibles. Nous avons vu pendant la pandémie du coronavirus que les conditions numériques sont réunies. Il y a toute-fois des insuffisances et des lacunes dans les structures sociales, par exemple dans l’accueil des enfants. Les deux parents souhaitent en outre trouver un travail qualifié à une distance raisonnable de leur domicile.

Rahel Meili: Le résultat d’une étude de l’Université de Bâle montre que ce sont plutôt des gens bien formés venant de certaines branches comme la finance et les assurances qui peuvent travailler de manière flexible. Si nous voulons cibler ces gens, nous devons analyser précisément leurs besoins. Nous devons savoir s’ils ont besoin d’autres infrastructures que des crèches, afin qu’ils se sentent vraiment bien en région de montagne et souhaitent aussi y travailler. Que souhaitent-ils précisément : désirent-ils vraiment un espace de co-working spécifique ou préfèrent-ils un café de co-working où ils boivent un café quand ils en ont envie, travaillent deux heures, puis peuvent retourner dans leur appartement de vacances ? Cette analyse des besoins doit encore se faire beaucoup plus en profondeur.

Quels sont les facteurs de succès de la «Plattform Haslital», qui a visiblement bien démarré?

Daniel Studer: À la différence de l’Engadine, le Haslital ne dépend pas que du tourisme. Il existe aussi d’autres branches à Meiringen et dans les communes avoisinantes. Nous avons tenu compte de cette structure économique mixte lors de l’analyse des besoins. En regardant la statistique des pendulaires, nous avons constaté qu’il y a à Meiringen environ 190 pendulaires sortants qui consacrent plus d’une heure par trajet vers leur lieu de travail. Dans notre cas, ils vont plus loin que Thoune. Ils travaillent par exemple un ou deux jours par semaine à Berne, à Lucerne ou à Zurich et trois ou quatre jours à Meiringen. Nous avons ciblé ces pendulaires de longue distance et plusieurs d’entre eux sont maintenant abonnés à la plateforme. Pendant la phase de conception, nous avons pris conscience qu’un espace de co-working ne doit pas seulement être pratique. L’essentiel est d’offrir une bonne atmosphère, et la décoration des locaux peut y contribuer fortement. Nous tenions également à apporter un peu d’urbanité dans le centre rural. J’entends par là surtout une certaine densité ou diversité sociale et de nouvelles histoires. Nous essayons de réaliser cet objectif en proposant des lieux de rencontre, des événements culturels et sociaux, des conférences, des séminaires, des expositions, etc. Un avantage essentiel de notre offre est de réduire le trafic pendulaire. Nous contribuons ainsi à la protection du climat et améliorons la qualité de vie des pendulaires.

Daniel Studer © regiosuisse

regioS: Dans le Haut-Valais, comment déterminez-vous les groupes cibles potentiels et par quel moyen essayez-vous de les atteindre?

Rahel Meili: Nous devons discerner si les gens vivent réellement en région de montagne et y ont leur domicile principal ou s’ils ne souhaitent n’y accomplir qu’une partie de leur travail. Pour les gens qui souhaitent réellement vivre en région de montagne, nous essayons d’améliorer la qualité de vie sur place. Il faut surtout de bonnes infrastructures sociales. Pour les co-workers et les télétravailleurs qui séjournent plutôt temporairement à la montagne, l’offre touristique et les possibilités de détente restent importantes. Les touristes journaliers souhaitent qu’il y ait des casiers à la gare pour y déposer leur ordinateur pendant qu’ils font du ski de fond ou de la randonnée, puis pouvoir encore travailler deux heures dans le train quand ils rentrent à la maison.

Monsieur Plaz, comment vous adressez-vous aux résidents potentiels venant de la plaine?

Peder Plaz: Je distinguerais trois groupes. Il y a ceux qui utilisent l’espace de co-working pendant leurs vacances, par exemple à Laax, et n’attendent pas d’autres infrastructures. Pour les retraités, il s’agit avant tout de créer une culture de l’accueil. Les régions de montagne doivent faire comprendre aux seniors que leur présence est désirée. Elles doivent en outre leur offrir un bon accès aux soins de santé, y compris aux soins à domicile. Le taux d’imposition est aussi un critère décisif pour que quelqu’un soit disposé à transférer son domicile. Le plus difficile est de s’adresser au troisième groupe, celui des familles. Car la seule chose que les régions de montagne peuvent leur offrir à coup sûr est l’infrastructure numérique. De bons emplois pour les deux parents constituent souvent le point crucial. Dès que des enfants entrent en jeu, la question se pose aussi de savoir si les parents souhaitent les scolariser dans le canton des Grisons ou peut-être de préférence dans celui de Zurich. Ce choix dépend des passerelles existant dans le système de formation. Nous ne sommes qu’au début du recrutement des familles. Nous avons aussi besoin pour cela d’une prise de conscience et d’un changement culturel. Nous devons créer une véritable situation d’accueil, au-delà d’une identité commune des indigènes et des nouveaux arrivants. Nous parlons ici d’aspects tels que droits de cogestion, droits de cofinancement, participation à la vie associative, etc.

Rahel Meili: La situation est un peu particulière dans le Haut-Valais, car nous enregistrons actuellement une très forte croissance économique dans la vallée principale. Des entreprises comme Lonza, Matterhorn Gotthard Bahn, Scintilla et Centre hospitalier du Haut-Valais créent de nombreux nouveaux emplois. La question qui se pose est de savoir comment non seulement les communes de la vallée, mais aussi les villages de montagne peuvent en bénéficier. Afin de rehausser l’attractivité de ces derniers et de les aider à intégrer de nouveaux résidents extracantonaux ou étrangers, le Centre régional et économique du Haut-Valais a lancé le programme de développement régional wiwa de concert avec ces entreprises, les communes, Valais/Wallis Promotion, la Chambre valaisanne de tourisme et Business Valais.

Rahel Meili © regiosuisse

Quels acteurs sont-ils particulièrement sollicités lorsqu’il s’agit de développer les formes de travail flexibles pour les régions de montagne et inversement d’équiper les régions de montagne pour les formes de travail flexibles?

Rahel Meili: En tant que responsables du développement régional, nous pouvons créer les infrastructures nécessaires avec les communes et élaborer les business plans appropriés. Mais le plus important est qu’un changement culturel ait lieu dans l’économie. Les différentes firmes doivent prendre conscience que leurs employés peuvent aussi travailler plusieurs jours par semaine à l’extérieur de l’entreprise: à domicile ou ailleurs. Nous pouvons les sensibiliser à ce processus et communiquer les offres correspondantes, mais le changement de culture doit avoir lieu au sein des entreprises.

Peder Plaz: À moyen et à long terme, les communes peuvent obtenir d’importants résultats en créant de bonnes conditions-cadre en termes de stratégie fiscale, d’infrastructure familiale et de mentalité d’accueil. Actuellement, la crise du coronavirus est un facteur d’accélération pour le télétravail. La plupart des entreprises ont probablement remarqué que l’on peut aussi très bien travailler depuis la maison. De nombreux employés ont également appris à se servir des vidéoconférences. Nous constatons en outre combien il est agréable de vivre avec moins de trafic pendulaire.

Les formes de travail flexibles en région de montagne pourraient-elles connaître en fin de compte le même sort que le télétravail il y a des décennies: de grands espoirs et finalement des déceptions d’autant plus grandes?

Peder Plaz: Les formes de travail flexibles ne sont pas comparables au télétravail des années 1980. À cette époque, on pensait surtout au travail à domicile pour les collaborateurs/trices de centres d’appels. Aujourd’hui, il s’agit au contraire de conseils et de services spécialisés, de juristes et d’ingénieurs, de créateurs d’entreprises et d’indépendants travaillant à domicile. Cependant, je ne crois pas que l’on travaillera cinq jours par semaine à domicile à la montagne. La demande porte plutôt sur une combinaison de travail présentiel, de travail à domicile et de tâches familiales. Car la tendance vers des formes de travail flexibles est liée à la tendance sociale qui accorde une importance toujours plus grande à la famille, aux loisirs et à une répartition moderne des rôles.

Daniel Studer: Je vois cette question de manière analogue, d’autant plus que je pratique moi-même les nouvelles formes de travail. Je travaille à Berne deux ou trois jours par semaine parce que je souhaite voir et rencontrer physiquement mes collègues de travail. Je passe le reste de mon temps de travail à Meiringen avec d’autres gens, à la plateforme. J’y remarque l’importance d’avoir sur place des gens motivés qui connaissent et mettent en œuvre les avantages des formes de travail flexibles et les possibilités qui en résultent. Ici, nous œuvrons bénévolement en tant que coopérative. Nous le faisons très volontiers parce que nous y voyons l’intérêt général, avons du plaisir et bénéficions de l’approbation et du soutien de divers côtés.

Rahel Meili: Les régions de montagne tireront durablement profit des nouvelles formes de travail flexibles, mais les changements se produiront petit à petit. Bien quelques années passeront encore jusqu’à ce que la périphérie accède réellement au monde du travail numérique. La vitesse du processus dépend essentiellement des idées des acteurs locaux. La voie du succès passe non pas par n’importe quels projets, mais par des projets uniques et spécifiques à chaque lieu.

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